La Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum) mesure de 16 à 17 cm de long. Sa tête et ses parties supérieures sont brun sombre tacheté de blanc et le dessous est blanc rayé et moucheté de brun. Sa tête est ronde, sans disques faciaux bien définis (deux ou trois cercles concentriques incomplets autour de ses yeux jaunes). Elle niche dans les forêts de conifères de la zone boréale et dans les boisements de résineux et mixtes riches en arbres morts en montagne.

Elle chasse principalement les petits oiseaux (lire À propos du houspillage de la Chevêchette d’Europe par les passereaux), mais elle apprécie aussi les micromammifères. Lors d’une année normale, les naissances des rongeurs forestiers (mulots et campagnols) se produisent principalement entre février et juin et entre août et novembre, mais lors des fortes disponibilités automnales de nourriture (glands et faînes), leur reproduction se prolonge jusqu’en hiver et leur population augmente alors fortement, ce qui favorise la reproduction de la Chevêchette d’Europe (lire La Nyctale de Tengmalm et la Chevêchette d’Europe ont été entendues en février 2021 dans la hêtraie d’Aiguines).  

Elle niche dans des cavités déjà creusées par d’autres oiseaux, mais elle adopte aussi les nichoirs. Elle est active à l’aube et au crépuscule, mais aussi pendant la journée. Le chant le plus fréquent est un sifflement flûté qui peut être émis toute l’année, mais sa fréquence est plus élevée de février à juin. De septembre à novembre, elle émet un chant d’automne légèrement différent.

Son aire de répartition s’étend de la France au nord-est de la Chine. Dans l’hexagone, on la rencontre principalement dans les Alpes, le Jura, et les Vosges, et localement dans le Massif central et les Pyrénées. La population française serait comprise entre 600 et 1 000 couples (2012), et elle semble en expansion, même si cette progression résulte sûrement en partie d’une augmentation de la pression d’observation, notamment grâce à la mise en place en 2008 du réseau national « Petites chouettes de montagne » sous l’égide de la Ligue pour la Protection des Oiseaux et de l’Office National des Forêts. Sa nidification a ainsi été prouvée dans le département du Puy-de-Dôme en 2007, puis en Haute-Loire (lire Balades ornithologiques à partir du village de Cayres), dans la Loire, dans l’Allier, dans le Cantal, en Ardèche, en Côte-d’Or et dans le Gard (Cévennes) au cours des années suivantes. Sa présence a été découverte dans le Rhône et en Haute-Marne en 2017, puis en Meurthe-et-Moselle en 2018. Elle est certainement également présente dans le département des Ardennes, étant donné qu’elle niche depuis quelques années en Belgique (lire La Chevêchette d’Europe est en cours d’installation en Belgique). 

Aire de répartition européenne de la Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum)

Aire de répartition européenne de la Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum) et axes de progression de sa distribution (flèches noires). Points rouges : l’espèce a été découverte en 2021 dans les Pyrénées aragonaises, et en 2025 dans le Val d’Aran (Catalogne).
Carte : Ornithomedia.com d’après Le Guide Ornitho et le Bayerisches Landesamt für Umwelt 

Un oiseau a été contacté le 9 mai 2015 dans une pineraie à crochets mélangée de sapins à 1 800 mètres d’altitude dans les Pyrénées audoises, mais Christian Riols nous précise que les données restent encore très rares en dehors de cet individu. Toutefois, un ornithologue allemand connaissant bien l’espèce avait recueilli des données durant trois hivers consécutifs (de 2007 à 2009) dans les Corbières audoises,  un milieu très atypique. L’espèce a également été contactée dans l’Ariège, et un oiseau a été entendu et vu le 18 mai 2023 dans la réserve biologique domaniale d’Esbas, en Haute-Garonne, une donnée qui a été validée par le réseau Petites Chouettes de Montagne. Presqu’au même endroit, en mai 2024, un oiseau était à nouveau entendu par une agent de l’Office National de la Chasse, ce qui suggère qu’il s’agissait d’un oiseau fixé et non pas simplement d’un erratique.

Ces observations indiquent donc une probable expansion de l’espèce dans les Pyrénées françaises et justifie de poursuivre les campagnes de prospection dans les secteurs où elle a déjà été repérée, la forte fluctuation interannuelle de ses effectifs, associée à sa discrétion, imposant de multiplier les sorties sur le terrain.   

L’espèce semble avoir franchi la frontière et serait désormais être en cours d’installation dans la péninsule ibérique. L’ornithologue Daniel López Velasco avait en effet annoncé les observations les 3 et 4 mai 2021 d’un ou de deux mâles chanteurs dans la province de Huesca, dans la communauté autonome d’Aragon, provoquant de nombreuses réactions enthousiastes. Il avait ajouté que ce rapace pourrait être présent dans d’autres secteurs non encore prospectés. En mai 2022, entre trois et quatre mâles au comportement territorial ont été contactés, ce qui montre que les données de 2021 n’étaient pas occasionnelles. Après la découverte de la Nyctale de Tengmalm (Aegolius funereus) en 1987, les deux petites chouettes de montagne semblent donc désormais faire partie de l’avifaune espagnole (lire La Chevêchette d’Europe pourrait être en cours d’installation en Espagne). Christian Riols ajoute que cette présence pourrait en fait être plus ancienne : l’espèce avait ainsi été trouvée dès juin 1988 en Aragon (deux couples dans deux localités très éloignées) par un Mr Renkhoff, un ornithologue allemand, 

Son installation dans les Pyrénées espagnoles semble se confirmer : en effet, selon un communiqué publié en janvier 2025 par le Conseil général d’Aran, l’espèce a été détectée à plusieurs reprises à l’aide d’enregistreurs autonomes durant l’hiver 2023 dans le Val d’Aran, une comarque (division administrative) de la communauté autonome de Catalogne, où elle n’avait pas été encore officiellement recensée jusqu’à présent. L’Institut Català d’Ornitologia précise qu’un individu avait été contacté il y a quelques années dans le même secteur, mais sans confirmation.  

Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum) dans les Pyrénées aragonaises, dans la province de Huesca, en mai 2024.
Source : birdingleon

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