Performance optique

Objectif, oculaire et pupille de sortie

Figure 1- Objectif, oculaire et pupille de sortie.
Schéma : Ornithomedia.com d’après J. Brosens

La performance optique d’une paire de jumelles est désignée par deux nombres séparés par le signe « x » : 7×30 ou 8×42 par exemple. Le premier indique le grossissement et le second le diamètre de l’objectif, exprimé en millimètres.

Objectifs et oculaires

La lentille dirigée vers le sujet s’appelle l’objectif, et celle qui se trouve du côté de l’oeil est l’oculaire.

Pupille de sortie

Les faisceaux de lumière sortant de la paire de jumelles se croisent au niveau de la « pupille » de sortie. Le diamètre de celle-ci se calcule en divisant le diamètre de l’objectif par le grossissement des jumelles. Idéalement, le diamètre de la pupille de sortie doit correspondre à celui de la pupille de l’œil. Concrètement, les pupilles de sortie sont les deux surfaces claires circulaires que l’on voit au centre de la lentille frontale des oculaires lorsqu’on tient les jumelles à une distance d’environ 30 cm. Pour que  cette lumière soit utilisée au maximum, il faut que les diamètres de la pupille de sortie et de la pupille de l’œil soient les plus proches possibles : l’intégralité de la lumière n’est pas utilisée si la pupille de l’œil est inférieure à la pupille de sortie (figure 2). Le diamètre de la pupille humaine dépend de la lumière environnante : il est de 2 à 3,5 millimètres en plein jour, de 4 à 6 millimètres du crépuscule au clair de lune, et peut atteindre 7,3 mm au maximum de la pénombre (nuit).

Pupille de sortie supérieure à la pupille de l'œil

Figure 2 – Pupille de sortie supérieure à la pupille de l’œil.
Schéma : Ornithomedia.com d’après J. Brosens

Pupille de sortie égale à la pupille de l'œil

Figure 3 – Pupille de sortie égale à la pupille de l’œil.
Schéma : Ornithomedia.com d’après J. Brosens

L’indice crépusculaire

En plein jour, la performance d’une paire de jumelles est uniquement déterminée par son grossissement. Dans de mauvaises conditions d’observation et au crépuscule, certains constructeurs mettent en avant  l’indice crépusculaire pour définir la performance d’une paire de jumelles. Mais pour d’autres, cette valeur uniquement mathématique n’a aucune incidence sur la qualité optique d’une paire de jumelles. Il se calcule en multipliant le grossissement (G) par le diamètre de l’objectif (D) et en prenant la racine carrée du résultat obtenu. Lors des nuits très noires, quand la pupille humaine est dilatée à son maximum, il est préférable d’avoir un modèle dont la pupille de sortie est la plus grande. Dans le tableau ci-dessous, on constate qu’un modèle 7×50 est plus efficace au crépuscule et la nuit.

Jumelles (gross. x diam.) Pupille de sortie (mm) Indice crépusculaire (racine carrée de grossissement x diamètre)
6×30 5 13,4
7×35 5 15,7
8×30 3,75 15,8
8×40 5 17,9
7×50 7,1 18,7
10×40 4 20
10×50 5 22,4

Correction dioptrique

On trouve généralement sur l’oculaire droit une bague graduée servant à régler les dioptries pour tenir compte d’une éventuelle différence de qualité visuelle (mesurée en dioptries) entre les deux yeux de l’observateur. Pour effectuer cette correction, on règle la molette centrale de mise au point  pour l’œil gauche sur une distance d’environ 100 mètres (il est plus facile de le faire en couvrant l’œil droit). Il faut ensuite couvrir l’oeil gauche et régler les jumelles pour l’œil droit à l’aide de la correction dioptrique. Ce réglage dioptrique ne s’effectue qu’une seule fois. Par la suite, il suffira de faire la mise au point en utilisant la molette centrale.

Profondeur de champ

Il s’agit d’un paramètre purement géométrique lié au pouvoir d’accommodation de l’observateur donné (faible pour les presbytes). Elle ne dépend pas de la qualité des jumelles mais seulement du rapport grossissement/diamètre de l’objectif. Pur tester la profondeur de champ d’une paire de jumelles, visez un objet et regardez si la zone en arrière-plan est encore nette sur plusieurs mètres.

Champ de vision

Différents champs de vision

Figure 4 – Différents champs de vision.
Schéma : Ornithomedia.com d’après J. Brosens

La portion de terrain visible dans les jumelles s’appelle le champ de vision. Il s’exprime soit en mètres soit en degrés. Par exemple, lorsque le champ de vision est de 125 mètres pour 1 000 mètres, cela signifie qu’à cette distance, on peut observer une surface circulaire de 125 mètres de large, ce  qui correspond à un angle de champ de 7,2° (17,5 m /1 000 m = 0,0175 radian = 1°).
Un vaste champ de vision a plusieurs avantages : on repère plus facilement un oiseau dans les feuillages ou en vol. À grossissement égal, toutes les jumelles n’ont pas nécessairement le même champ; par exemple, une paire A (8×40) peut avoir un champ de 6° (105 m / 1 000 m) et une paire B (8×40) un champ de 9° (158 m / 1 000 m). Dans les deux cas, les sujets sont grossis autant de fois mais l’image circulaire de A est moins large que celle du modèle B (figure 4). 
Ces différences de champs sont dues à l’utilisation d’oculaires de types différents : les plus utilisés (parce que les moins chers) sont ceux du type Kellner (figure 5a), composés de trois lentilles, qui n’offrent qu’un angle de vision égal ou inférieur à 50°. Pour obtenir un angle de vision plus grand, il faut utiliser des types d’oculaires plus sophistiqués, comme les oculaires Erfle (figure 5b) et Nagler, mais qui sont plus coûteux.
Les oculaires grand champ permettent d’obtenir un angle de vision net atteignant parfois 80°.
Les oculaires à grand angle de vision bon marché  présentent souvent un manque de netteté sur le pourtour de l’image.

Oculaires du type Kellner

Figure 5a – Oculaire du type Kellner composé de trois lentilles.
Schéma : Ornithomedia.com d’après J. Brosens

Oculaires plus coûteux

Figure 5b – Oculaire Erfle, : c’est le premier véritable oculaire à grand champ (65 à 70°).
Schéma : Ornithomedia.com d’après J. Brosens

Lien entre le champ de vision et le grossissement

Champ visuel et grossissement

Figure 6 – Lien entre champ visuel et grossissement.
Schéma : Ornithomedia.com d’après J. Brosen

Le champ visuel d’une paire de jumelles dépend des oculaires mais aussi du grossissement : considérons une paire de jumelles imaginaire qui aurait un angle visuel de 60° (voir figure 6); si nous calculons son champ de vision, l’on constate qu’il est plus petit au fur et à mesure que le grossissement augmente.

Le grossissement : avantages et défauts

Le grossissement exprime l’agrandissement des sujets : plus il est important, plus on pourra observer les oiseaux de loin. Les jumelles grossissant 8x et 10x sont les plus recommandés pour l’ornithologie car elles sont à la fois assez lumineuses et pas trop lourdes. On pourrait croire qu’un grossissement important n’a que des avantages, or ce n’est pas le cas : comme nous l’avons signalé plus haut, un grossissement plus important entraîne un champ visuel plus petit.
Mais ce n’est pas tout : les vibrations des images dues au tremblement des mains sont d’autant plus importantes que le grossissement est élevé. Pour cette raison, il est généralement déconseillé de tenir à la main des jumelles au grossissement supérieur à 10x. Pour compenser ce défaut, il existe des modèles incorporant un Stabilisateur d’Image optique (gamme « IS » de Canon par exemple).
K. Brunnckow, E. Reeger et H. Siedentopf (1944) ont comparé les différences d’acuité visuelle selon qu’une paire de jumelles était utilisée sur un trépied ou à main levée (voir tableau ci-dessous) : on constate que la différence d’acuité visuelle augmente avec le niveau de grossissement. En outre, on observe qu’une paire de jumelles lourdes (7×50) est plus désavantageuse qu’une paire plus légère (8×30). En conclusion, il vaut mieux choisir une paire grossissant 8x ou 10 x (un grossissement supérieur est à déconseiller).

Jumelles (GxD) Acuité visuelle
(jumelles à main levée / jumelles sur trépied)
6×30 0,79
8×30 0,78
7×50 0,70
10×50 0,62
15×50 0,65

Champ de vision et porteurs de lunettes : bonnettes rétractables

Il arrive fréquemment que des modèles de jumelles bon marché ne vous permettent pas de percevoir la totalité du champ visuel parce que la pupille de sortie se trouve trop près de l’oculaire, empêchant celle-ci de correspondre à la pupille de l’œil. Il est alors préférable de choisir des jumelles équipées de bonnettes (œilletons) de caoutchouc rétractables qui permettront un réglage optimal de la distance entre l’œil et l’oculaire. Les porteurs de lunettes visseront généralement les bonnettes au maximum.

Le choix du diamètre de l’objectif

Le choix du diamètre de l’objectif pour un grossissement donné dépend des conditions d’utilisation  : pour une observation uniquement diurne, un objectif de 30 mm convient tout à fait. Cependant, pour améliorer les performances lors des conditions d’observation difficiles ou crépusculaires, un diamètre de 40 ou de 42 mm, à l’indice crépusculaire plus élevé, est préférable.

Jumelles Kite Pétrel II 10x42

La pupille de sortie des jumelles Kite Pétrel 8×42 est de 5,25 mm (disponible dans la boutique d’Ornithomedia.com).

Le cas des jumelles 7×50 : plusieurs inconvénients

Les jumelles 7×50, pourtant utilisées par de nombreux usagers, présentent un certain nombre d’inconvénients, en particulier un grossissement peu élevé, un encombrement et un poids assez grands. tandis que ses avantages ne sont perceptibles que lors d’observations lors de nuits très noires.
Lorsqu’on tient les jumelles devant les yeux, il faut que le diamètre de la pupille de sortie corresponde le plus possible à la pupille de l’oeil (dont le diamètre étant de 2 à 3,5 mm en plein jour) : si les pupilles de sortie ont un diamètre de 7,1 mm comme c’est le cas pour des jumelles de 7×50, cela ne posera aucun problème.
Si la pupille de sortie est de 3,75 mm comme dans le cas d’une paire 8×30, l’utilisateur pourra avoir l’impression qu’une telle paire est moins agréable : or il suffirait de régler les bonnettes pour assurer la correspondance des pupilles. Une paire 8×40 ou 8×42, avec une pupille de sortie de 5 mm de diamètre au moins, est  tout à fait recommandée pour l’observation.

Dégagement oculaire (DO)

Le Dégagement Oculaire (DO) ou « Eye Relief » en anglais, est la  distance en mm entre la lentille de l’oculaire et le lieu où se forme la pupille de sortie pour que le champ de vision soit complet. Cet élément est important pour les porteurs de lunettes car ils doivent surmonter une distance un peu plus grande que les autres utilisateurs. À partir de 15 mm, un dégagement oculaire est confortable pour les porteurs de lunettes.
Un long dégagement oculaire permet en effet une observation plus confortable de loin pour les porteurs de lunettes. Cette valeur est précisée dans les spécifications techniques. Les porteurs de lunettes devront aussi veiller à ce que leurs jumelles possèdent des œilletons (bonnettes) réglables/rétractables qui compenseront l’écartement supplémentaire imposé par les lunettes.

Utiliser des jumelles sans lunettes

Il est possible d’utiliser les jumelles sans lunettes, la mise au point permettant de corriger une myopie ou une hypermétropie, mais un astigmatisme (la correction dioptrique sert uniquement à compenser la différence d’acuité entre les deux yeux), mais il faudra toutefois constamment ôter ses lunettes. Toutefois, la mise au point ne peut corriger  une une myopie que si elle est inférieure à une valeur maximale corrigible, généralement entre 5 et 10 dioptries. Seul le fabriquant autrichien Swarovski donne cette valeur (« correction dioptrique à l’infini ») pourtant essentielle pour les myopes. Pour les hypermétropes, l’utilisation de jumelles sans lunettes se traduit par un éloignement de la distance minimale de mise au point.

Dix questions essentielles

Lire aussi notre article : Choisir des jumelles : les dix questions essentielles.

Qualité de la construction optique

La qualité et la stabilité de la construction optique d’une paire de jumelles sont bien sûr essentielles. L’un des défauts les plus fréquents résulte d’un mauvais positionnement des deux axes optiques : les images sont dédoublées parce que le parallélisme n’est pas parfait. Nous ne remarquons pas ce défaut  car inconsciemment nos yeux font la correction afin que ces deux images n’en forment qu’une sur la rétine. Mais à la longue, nous regardons plus ou moins de travers, ce qui est désagréable et finit par entraîner des maux de tête. A l’état neuf, cet ajustage est absolument précis, mais si les jumelles ne sont pas assez robustes, un choc peut perturber l’agencement interne des éléments.

Étanchéité

Il faut également que les jumelles soient les plus étanches possible à l’humidité et à la poussière afin que les surfaces optiques ne soient pas souillées et qu’aucune condensation ne se forme par temps humide (pluie..). Si vous désirez utiliser des jumelles totalement étanches et non pas seulement imperméables, il vous faudra préférer les modèles à prismes en toit. Certains de ces modèles restent même étanches à l’immersion (plusieurs mètres). Toutefois, des modèles à prismes de Porro de bonne conception, bien graissés et bien finis résistent parfaitement à la pluie. Tout dépendra donc de l’usage que vous désirez faire de vos jumelles.

Jumelles Kite Compact 8x23

Jumelles Kite Compact 8×23 (disponibles dans la boutique d’Ornithomedia.com).

Jumelles compactes ou de poche

Les jumelles compactes ou de poche (8×22, 8×23, 8×25, 10×25, etc.) sont intéressantes pour leur poids réduit et leur faible encombrement. Elles peuvent être de qualité, mais elles seront forcément moins lumineuses que des modèles classiques, ce qui est surtout visible par temps couvert, au crépuscule ou à l’aube. Mais vous pourrez toujours les avoir sur vous, même en ville.
Certains constructeurs proposent également des jumelles classiques (8×42, 10×42, etc.) aux dimensions réduites (même si elles restent tout de même plus grandes que de « vraies » jumelles compactes) : elles combinent ainsi les avantages.

Poids

C’est un élément important, surtout si vous faîtes souvent de longues randonnées. Les femmes préféreront peut-être plutôt des modèles compacts. Le poids est précisé dans les spécifications techniques. Il vous faudra peut-être faire un essai, avec le modèle en main et pendant à votre cou. L’utilisation d’un harnais peut être très utile, surtout lors des longues randonnées.

Jumelles à prismes de Porro et en toit (ou de Schmidt-Pechan)

Il existe deux types principaux de jumelles, nommés selon le système de prismes utilisé : de Porro (la technologie la plus ancienne) et en toit ou de Schmidt-Pechan (figure 7). Pour les jumelles de Porro les moins chères, les objectifs sont montés dans des tubes vissés dans le corps des jumelles. Cette construction est moins solide que celles dont le corps est d’un seul tenant. Or un corps de jumelles de conception compacte est plus étanche à l’humidité.

Conception optique (disposition et forme des prismes et des lentilles) et trajet de la lumière (en rouge) pour les jumelles à prismes en toit et de Porro.

Figure 7 – Conception optique (disposition et forme des prismes et des lentilles) et trajet de la lumière (en rouge) pour les jumelles à prismes en toit et de Porro.
Schéma: Ornithomedia.com

La mise au point de la plupart des jumelles s’effectue au moyen d’une molette centrale qui fait se déplacer un pont sur lequel sont montés les oculaires. Ce pont doit donc être parfaitement ajusté afin d’assurer une mise au point précise.
Il existe également des modèles de jumelles sans molette centrale pour lesquelles la mise au point se fait par oculaire par oculaire : cette construction est pratiquement étanche et ces jumelles sont particulièrement recommandées pour les sports nautiques.
En tenant les jumelles à environ 25 cm des yeux, on voit un petit cercle de lumière : si dans celui-ci on aperçoit un carré plus clair, cela signifie que les prismes utilisés sont trop petits et que le diamètre entier de l’objectif ne peut être utilisé. Les produits bon marché présentent presque toujours ce défaut.

Jumelles à prismes en toit

Les jumelles à prismes en toit sont généralement (mais pas toujours) plus compactes et plus légères que celles à prismes de Porro. En réalité, ce n’est généralement pas le cas et seuls les produits les plus chers sont vraiment plus légers et plus compacts que les jumelles de Porro analogues.

Endroits par où l'eau peut pénétrer dans une paire de jumelles de Porro

Figure 8 – Endroits par où l’eau peut pénétrer dans une paire de jumelles de Porro.
Schéma : Ornithomedia.com d’après J. Brosens

Les jumelles en toit peuvent avoir deux types de mises au point :

  • le moins cher est semblable à celui des jumelles de Porro;
  • les modèles plus chers possèdent une mise au point interne, les objectifs ou les oculaires ne se déplaçant qu’à l’intérieur des jumelles. Cette construction donne une meilleure stabilité mécanique et une très bonne protection contre l’humidité. Ces jumelles sont donc pratiquement étanches.

Les jumelles en toit sont toujours plus chères que les jumelles de Porro analogues : cela est dû au fait que le système de prismes utilisé est beaucoup plus difficile à fabriquer. 

Les défauts des jumelles à prismes de Porro

Les modèles à prismes de Porro ont plusieurs défauts par rapport à leurs équivalentes à prismes en toit :

  • elles sont moins étanches du fait du mécanisme externe de mise au point (voir la figure 8): il vous sera ainsi difficile d’utiliser longtemps des jumelles à prismes de Porro dans un environnement très humide (sauf dans le cas de très bons modèles);
  • elles s’usent plus facilement (mais cela dépend de l’intensité de votre usage) : le « pont » (partie supérieure) bougeant quand vous effectuez votre mise au point, des phénomènes d’usure s’observent;
  • elles sont un peu plus fragiles;
  • la distance de mise au point minimale est plus importante (environ cinq mètres, contre deux mètres en moyenne).

Par contre, les jumelles à prismes de Porro ne sont pas moins lumineuses que les jumelles à prismes en toit. Le trajet de la lumière est certes moins direct (en forme de « Z ») avant d’atteindre l’œil, les objectifs étant décalés par rapport à l’axe des oculaires (voir la figure 7), mais cela est compensé par une réflexion totale (comme dans les prises d’Abbe-Koenig), alors que pour les jumelles à prismes en toit utilisent des couches réfléchissantes plus ou moins performantes suivant la qualité (et donc le prix).

Prismes Bak-4 ou Bk-7

Les prismes en verre des jumelles conduisent la lumière vers les oculaires et donc vers l’œil de l’observateur et permettent que l’image soit perçue dans le bon sens (non inversée). La qualité du verre utilisée est donc importante pour qu’il n’y ait pas de perte de luminosité ou de couleur. Les prismes BK-7, au bore, sont économiques et donnent des résultats satisfaisants (aberrations sphérique et chromatique limitées). Les prismes BaK-4 au baryum, sont plus chers mais transmettent davantage de lumière et les images sont plus contrastées.
Pour améliorer leurs performances optiques, les verres subissent généralement des traitements multicouches. Pour les modèles à prismes de toit, un traitement à correction de phase (« phase coating ») peut corriger le petit déphasage pouvant se créer entre les deux faisceaux lumineux qui se forment après que le passage de la lumière à travers les prismes dans chacun des fûts de la paire de jumelles.

Choisir des modèles avec des verres spéciaux

Certains modèles de jumelles sont équipés de verres HD (Haute définition), ED (EXtra-low Dispersion) ou XD (eXtra-basse Dispersion) : cela signifie que ces derniers comprennent une proportion plus ou moins importante de fluorite ou fluorure de calcium (CaF2), un minéral au très faible indice de réfraction et qui a la capacité de réduire fortement les aberrations chromatiques, c’est-à-dire les franges colorées qui se forment dans les zones floues ou sur les contours des objets ou des sujets contrastés, par exemple lorsque le ciel est pâle. Ces jumelles sont significativement plus chères que leurs modèles équivalents équipés de verres classiques, même si leurs prix ont eu tendance à baisser depuis une vingtaine d’années du fait de la hausse de la demande, mais leurs performances optiques sont aussi plus élevées (lire Test avec une mire de résolution de trois modèles de jumelles 10×42 à verres spéciaux).

Budget

C’est un point très important qui conditionnera souvent le reste (marque, grossissement, conception, traitement des verres, etc.). La différence de prix est essentiellement liée à la qualité des verres et à « l’effet marque » (la réputation d’un constructeur a un prix). L’écart de prix n’est pas forcément proportionnel à la différence de performances.  Définissez un prix maximum que vous ne désirez pas dépasser.

Votre usage

Définissez les caractéristiques les plus importantes pour vous : la luminosité, le poids, la compacité, le confort de vision, l’ergonomie, l’observation dans des conditions difficiles, etc.

Garantie

C’est un point primordial, souvent négligé. C’est particulièrement important si vous comptez acheter un modèle cher. Renseignez-vous sur la qualité de cette garantie, sur son contenu, et ne vous fiez pas uniquement à la durée annoncée en années.

Tests utiles à effectuer avant d’acheter (si possible)

Il est souvent très utile, si vous pouvez le faire (notamment en cas de doutes entre deux modèles), même si lors d’un achat en ligne, vous pouvez toujours renvoyer votre commande dans le délai autorisé (conservez bien l’emballage en état).
Faîtes votre essai à l’extérieur, avec vos lunettes si vous en avez, dans de mauvaises conditions de lumière (nuages ou à contre-jour). Par temps clair, la pupille de l’observateur fait environ 2.5 mm de diamètre et limite donc le diamètre utile de l’objectif à 2,5 fois le grossissement. Dans ces conditions, la « luminosité » de jumelles 8×56 par exemple ne sera pas meilleure que celle d’un modèle 8×20 de même niveau de qualité optique (verres et traitements ). Un essai par faible lumière est donc impératif ! Vérifiez si vous pouvez voir des détails dans les zones à l’ombre.
Testez enfin l’ergonomie, le poids, le fonctionnement de la molette de mise au point, le confort des œilletons et de la lanière.

Vous pouvez également vérifier la présence des défauts suivants (source : Erquynox.fr) :

  • un problème de parallélisme des axes optiques des deux tubes. Pour cela, visez une forme lointaine rectiligne et faites la mise au point, observez quelques secondes puis fermez les yeux pendant une vingtaine de secondes. Si la forme est floue ou dédoublée puis redevient nette au bout de quelques secondes, cela signifie que vos jumelles ont un défaut du parallélisme, ce qui peut entraîner une fatigue oculaire;
  • une mauvaise correction des aberrations chromatiques. Pour cela, visez une source lumineuse (lampadaire) lointaine et vérifier qu’il n’y a pas de coloration autour de l’image, ou bien regardez un câble sombre par temps nuageux et regardez ses bords;
  • un traitement anti-reflets insuffisant. Pour cela, de nuit, observez une source lumineuse (lune, lampadaire), et vérifiez l’absence de reflets lumineux dans le champ de vision;
  • une déformations du bord de champ de vision. Pour cela, visez un objet rectiligne éloigné (câble, poteau, toit…) puis observez-le en décalant l’image vers la limite du champ de vision pour s’assurer qu’il ne se déforme pas trop tôt.

Quelques fabricants reconnus

Le nombre de fabricants de jumelles s’est accru au cours des dernières années, et le niveau général des produits a plutôt augmenté car plusieurs marques font fabriquer leurs produits dans un petit nombre d’usines bien rodées. Les différences de performances dépendent désormais essentiellement du niveau d’exigence et de l’exhaustivité du cahier des charges. Certains fabricants sont présents dans les différents segments de marché :

Jumelles haut de gamme
Kowa, Leica, Nikon, Swarovski, Zeiss, etc.
Jumelles de gamme moyenne
Bresser, Buhsnell, Celestron, Canon, Hawke, Minox, Kite Optics, Kowa, Nikon, Olivon, Pentax, Vortex, Opticron, etc.
Jumelles d’entrée de gamme
Bresser, Bushnell, Minox, etc.

Maniement et réglages des jumelles : quelques conseils

Bague de réglage de l'oculaire, échelle graduée de distance oculaire et molette de mise au point

Figure 9 – (1) Bague de réglage des dioptries, (2) molette de mise au point et (3) charnière réglant l’écartement des oculaires pour s’adapter à l’écartement des yeux.
Schéma : Ornithomedia.com

Une paire de jumelles est et restera un instrument délicat qui demande un certain nombre de précautions :

  • évitez les coups et les chocs.
  • Mettez toujours la courroie de vos jumelles autour de votre cou et n’omettez jamais de les ranger dans leur étui si vous ne les utilisez pas.
  • Pour le nettoyage des verres, n’utilisez pas n’importe quel chiffon et produit (lire Comment nettoyer les verres de ses jumelles et de sa longue-vue ?).
  • Lors de l’utilisation, il faut d’abord ajuster l’écartement des deux oculaires à celui de vos yeux : cet ajustement se fait en visant un sujet éloigné et en réglant la distance oculaire de façon à ce que les deux images circulaires ne forment plus qu’une seule. Sur l’axe de pivotement, une échelle graduée permet maintenant de repérer l’écart vous convenant (voir la figure 9).
  • A l’aide de l’oculaire de droite, vous pouvez corriger une éventuelle différence de performances (calculée en dioptries) entre vos deux yeux : pour cela, regardez uniquement avec l’œil gauche dans l’oculaire de gauche et mettez au point avec la molette centrale. Regardez alors uniquement avec l’œil droit dans l’oculaire de droite et corrigez votre mise au point à l’aide de l’oculaire seul cette fois; sur le corps de l’oculaire une échelle graduée permet de relever ce réglage. Répétez cette opération un certain nombre de fois. S’il n’y a aucune différence entre les deux yeux, cette bague de réglage de l’oculaire se trouvera sur 0. Si cette bague est mise sur un autre chiffre, il faut toujours la maintenir ainsi, c’est la valeur de votre correction dioptrique.
  • Pour les porteurs de lunettes à verres correcteurs, seule la mise au point des jumelles est à faire : il n’est pas besoin de toucher au réglage dioptrique. Les bonnettes « twist-up » doivent être totalement rentrées et vous observez donc « verre contre verre ».

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