Consacrer un espace dans votre jardin

Un jardin, même urbain, peut à la fois être beau et attractif pour la faune (lire Aménager son jardin pour les oiseaux) : il suffit de contrôler un peu les choses en fauchant, en taillant, en arrachant les adventices non désirées (à la main ou par un paillage du sol) et en choisissant des espèces non envahissantes. Vous pouvez installer une haie composée de buissons variés, creuser une petite mare, couvrir un mur de lierre ou créer une petite « friche » fleurie comprenant des fleurs annuelles et/ou vivaces qui fourniront des graines à certaines espèces d’oiseaux en automne et en hiver.

Compenser un peu la disparition des friches et des jachères

Bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula)

Bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula) mâle se nourrissant de  graines de fleurs dans une friche à Nassogne (Belgique) en  janvier 2013.
Photographie : Marc Fasol

Les friches et les jachères disparaissent en effet peu à peu dans nos campagnes à cause de l’urbanisation croissante, des modifications de politiques agricoles défavorables (suppression de certaines mesures agroenvironnementales) ou de l’augmentation des cours des matières premières (une hausse du prix des céréales ou des oléagineux provoque une mise en culture de parcelles autrefois mises au repos).
Pourtant ces terres « délaissées » attirent de nombreuses espèces d’oiseaux, en particulier en automne et hiver, car elles fournissent de la nourriture à la faune sauvage. Marc Fasol nous a cité l’exemple d’une parcelle d’un hectare située à Nassogne (Belgique) où l’agriculteur avait semé un mélange de tournesols, de phacélies et d’autres plantes à graines non adventices. En janvier 2013, il a pu assister à un superbe spectacle : des centaines de Verdiers d’Europe (Chloris chloris), de Pinsons des arbres (Fringilla coelebs), de Chardonnerets élégants (Carduelis carduelis), de Linottes mélodieuses (Linaria cannabina), de Bruants des roseaux (Emberiza schoeniclus), de Sizerins flammés (Acanthis flammea) et de Bouvreuils pivoines (Pyrrhula pyrrhula).
Il est possible d’agir à son échelle en semant et/ou en laissant s’installer des plantes à graines dans une partie de son jardin ou même créer une véritable pelouse fleurie : le gazon traditionnel sera alors réservé aux abords de la maison, dans les zones les plus fréquentées et servira à créer des « chemins enherbés ».

Les espèces d’oiseaux qui seront attirées

Chardonneret élégant (Carduelis carduelis)

Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) se nourrissant de graines de fleurs dans une friche à Nassogne (Belgique) en janvier 2013.
Photographie : Marc Fasol

En Europe de l’Ouest, les graines des fleurs et des graminées peuvent attirer en automne et en hiver, et selon les régions, plusieurs Fringilles comme le Verdier d’Europe, le Sizerin flammé, la Linotte mélodieuse, les Pinsons des arbres et du Nord (Fringilla montifringilla),  le Tarin des aulnes (Spinus spinus), le Serin cini (Serinus serinus), ou le Grosbec casse-noyaux (Coccothraustes coccothraustes), les Bruants des roseaux et jaune (Emberiza citrinella), plusieurs espèces de mésanges, des Tourterelles turques (Streptopelia decaocto), etc. Bien entendu, la diversité et la quantité d’oiseaux seront d’autant plus grandes que la surface de votre « friche fleurie » sera importante.
En Amérique du Nord, la diversité des espèces que l’on peut attirer en plantant des fleurs à graines est encore plus grande : citons par exemple le Roselin familier (Haemorhous mexicanus), le Cardinal rouge (Cardinalis cardinalis), le Chardonneret jaune (Spinus tristis), la Tourterelle triste (Zenaida macroura), le Gros-bec errant (Hesperiphona vespertina), des bruants américains (genres Zonotrichia et Melospiza), les juncos (genre Junco), les tohis (genre Pipilo), etc.
Outre les graines, certaines espèces trouveront aussi au cours du printemps suivant sur les fleurs laissées sur pied, des matériaux pour garnir leur nid.

Semer ou laisser faire ?

Deux méthodes sont possibles pour constituer sa petite « friche » fleurie : laisser faire la nature et attendre que des plantes sauvages s’installent d’elles-mêmes ou bien semer des espèces choisies. La première solution favorise les graines déjà présentes dans le sol du jardin et a l’avantage de laisser pousser des espèces rustiques et bien adaptées. D’autres jardiniers sont davantage « interventionnistes » et sèment des fleurs choisies. Il est aussi tout à fait envisageable, et même conseillé, de panacher ces deux approches.

Des principes simples pour choisir les fleurs à semer

Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) se nourrissant de graines de Cardère sauvage

Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) se nourrissant de graines de Cardère sauvage (Dipsacus fullonum) à Asquillies (Belgique) le 16/03/2013.
Photographie : Pierre Moiset

Si vous souhaitez semer des fleurs utiles pour les oiseaux, il faut suivre certaines règles :

  • sélectionnez des espèces adaptées au climat, au type de sol, aux ressources en eau et à l’exposition.
  • Choisissez des fleurs d’une hauteur variée qui créeront un effet plus esthétique et attireront des oiseaux différents.
  • Choisissez au maximum des espèces indigènes (ou en tout cas dont les familles sont représentées en Europe) car elles seront bien adaptées et attireront davantage les oiseaux;
  • Ne choisissez par des cultivars (c’est-à-dire les variétés cultivées, les créations horticoles) qui ne produisent souvent ni nectar ni graines, ou alors en faible quantité.
  • choisissez des espèces qui fourniront des graines à des moments différents (car elles fleuriront à des périodes échelonnées) et sur une période plus longue.
  • Semez si possible des espèces produisant de nombreuses graines : vous augmenterez vos chances d’attirer les oiseaux.
  • Combinez les fleurs annuelles et vivaces (qui sont plus productives en graines).
  • Harmonisez si possible les couleurs pour un plus bel effet : vous pouvez par exemple combiner des fleurs annuelles blanches, roses et rouges comme le Lin rouge (Linum grandiflorum), le Thlaspis blanc (Iberis sempervirens), le Gypsophile élégant (Gypsophila elegans), certains Coreopsis (genre Coreopsis), etc. Votre jardin sera par exemple dominé par le jaune s’il est composée d’Aneths (Anethum graveolens), de certains zinnias, de certains coreopsis, de Chrysanthèmes à carène (Glebionis carinatum), etc.

Des fleurs à semer produisant des graines appréciées des oiseaux

Verdier d'Europe (Chloris chloris) et fleurs de cerinthes

Verdier d’Europe (Chloris chloris) récupérant les graines de fleurs de Cerinthes bleues (Cerinthe major purpurascens) posées sur le sol.
Photographie : Anne Provost Delage

  • Tournesol (Helianthus annuus) : c’est l’espèce incontournable de toute friche fleurie de par sa stature, sa couleur, et son abondante production de graines très appréciées par les oiseaux. Il est idéal en arrière-plan dans un massif d’annuelles ou de vivaces.
  • Phacélie (Phacelia tanacetifolia)  : une belle espèce bleu lavande, utile pour couvrir le sol, facile à cultiver, mellifère, qui fertilise le sol (fréquemment semée dans les jachères)
  • Coreopsis lancéolé (Coreopsis lanceolata) : rustique et peu exigeant, à la floraison abondante jaune vif dès le mois de mai et durant tout l’été. Laissé sur pied pendant l’hiver, il constituera une bonne source d’alimentation pour les oiseaux.
  • Échinops (Echinops ritro) : une superbe espèce vivace à la floraison d’un bleu profond et au feuillage argenté très décoratif, de plus d’un mètre de haut, qui apporte un côté sauvage au jardin. En période hivernale, ses graines sont très appréciées par les oiseaux.
  • Lin varié (Linum mixed) : une plante annuelle, à la croissance rapide, dont la belle floraison dure tout l’été. A l’automne, les tourterelles et d’autres oiseaux viendront se nourrir de ses graines.
  • Scabieuse pourpre (Scabiosa atropurpurea) : une espèce aux grosses fleurs très colorées  allant du pourpre foncé au quasi noir. Elle est facile à cultiver et est très attractives pour les oiseaux
  • Monnaie du Pape (Lunaria annua) : cette espèce produit de petites fleurs roses très odorantes qui, en automne, se transforment en de minces disques argentés ressemblant à des pièces. Ces dernières contiennent des graines dont raffolent les oiseaux.
  • Cosmos maya (Cosmos sulphureus) : une espèce annuelle aux tons chauds et éclatants, qui peut atteindre jusqu’à 1,50 mètre de hauteur, à croissance rapide, qui fleurit jusqu’en automne et dont les graines sont un régal pour les oiseaux.
  • Amarante (Amaranthus cruentus) : une espèce aux beaux et aux curieux épis en chatons retombants qui contiennent des milliers de petites graines très utiles aux oiseaux en hiver.
  • Aster d’automne (Aster novae-angliae) : une espèce au beau feuillage, aux fleurs allant du blanc au violet, et qui fournissent des graines pour les oiseaux. Toutes les espèces d’asters (famille des Astéracées) produisent en automne des graines appréciées par les passereaux, notamment les chardonnerets.
  • Bleuet (Centaurea cyanus) : une belle espèce rustique, facile à cultiver, dont les graines sont appréciées par plusieurs oiseaux.
  • Centaurée jacée (Centaurea jacea). D’une manière générale, toutes les centaurées sont intéressantes pour les oiseaux.
  • Cerinthe bleue (Cerinthe major purpurascens) : Anne Provost Delage nous indique que le Verdier d’Europe (Chloris chloris) apprécie les graines de cette annuelle de la famille des Borraginacées aux belles fleurs bleues.
  • Fenouil sauvage ou commun (Foeniculum vulgare) : une grande fleur pouvant atteindre 1,5 mètre de haut, aux fleurs jaunes (floraison de juillet à octobre) et au joli feuillage léger dégageant une agréable odeur quand on les froisse. Elle doit être semée dans un sol drainé plus ou moins riche, du printemps à l’automne. C’est une plante rustique (jusqu’à -25°C). C’est une plante appréciée par de nombreux insectes butineurs et auxiliaires, et ses graines et son nectar sont mangés par beaucoup de passereaux. La Mésange bleue (Cyanistes caeruleus) apprécie particulièrement ses graines.

D’autres espèces très attractives pour les oiseaux : Carotte sauvage (Daucus carota), Cerfeuil sauvage (Anthriscus sylvestris), Oseille commune (Rumex acetosa), soucis (genre Calendula), Amarante crête-de-coq (Celosia cristata), dauphinelles ou pieds-d’alouette (genre Delphinium), Gueule de loup (Antirrhinum majus), digitales (genre Digitalis), giroflées (genre Erysimum), Godétie (Godetia grandiflora), Impatiente (genre Impatiens), Tabac indien (Lobelia inflata), Monarde (Monarda fistulosa), myosotis (genre Myosotis), pavots (genre Papaver), silènes (genre Silene), Valériane à petites feuilles (Valeriana officinalis), lavatères (genre Lavatora), malopes (genre Malope), etc.

Pouillot fitis (Phylloscopus trochilus) et Fenouil sauvage

Pouillot fitis (Phylloscopus trochilus) se nourrissant dans du Fenouil sauvage ou commun (Foeniculum vulgare) à Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime) le 5 septembre 218. Il mangeait du nectar et/ou cherchait des insectes.
Photographie : Michel Leroux

Pouillot fitis (Phylloscopus trochilus) et Fenouil sauvage

Pouillot fitis (Phylloscopus trochilus) se nourrissant dans du Fenouil sauvage ou commun (Foeniculum vulgare) à Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime) le 5 septembre 2018. 
Photographie : Michel Leroux

Des fleurs spontanées

Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) se nourrissant de graines de Pissenlit

Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) se nourrissant de graines de Pissenlit (Taraxacum officinale) à Mouzieys-Panens (Tarn) le 1er mai 2015.
Photographie : Michel Pronnier

Vous pouvez également laisser pousser des « mauvaises herbes » dont les graines attirent particulièrement les oiseaux, comme :

  • la Capselle bourse-à-pasteur (Capsella bursa-pastoris) : ses graines sont très appréciées des oiseaux;
  • le Plantain étroit (Plantago lanceolata) : il pousse partout, dans les champs, les lieux incultes, près des habitations … ses graines sont appréciées des oiseaux, mais il est un peu envahissant;
  • le Mouron des oiseaux ou Stellaire intermédiaire (Stellaria media) : une plante herbacée annuelle aux fleurs blanches. Tenace et difficile à arracher, mais les oiseaux apprécient la totalité de la plante et en particulier les petites graines contenues dans les petites bourses après la floraison;
  • le Pissenlit (Taraxacum officinale) : plante vivace sans tige extrêmement fréquente dans les prairies et les pâturages. Ses fleurs jaunes, situées à l’extrémité de longs pédoncules, s’épanouissent d’avril à septembre, et sont très appréciées des abeilles et des autres insectes pollinisateurs car elles sont riches en nectar et en pollen et constituent une source de nourriture très appréciable, notamment en début de printemps. Ses graines, qui forment une boule plumeuse blanche sur laquelle on ne peut s’empêcher de souffler lors de balades dans la campagne, sont appréciées par le Chardonneret élégant et le Moineau domestique (et par d’autres passereaux);
  • la Renouée des oiseaux (Polygonum aviculare) : envahissante, mais ses graines sont particulièrement appréciées des oiseaux;
  • les Cirses commun (Cirsium vulgare) et des champs (C. arvense) : très proches des chardons (genre Carduus) avec lesquels ils sont fréquemment confondus (ils s’en distinguent essentiellement par les aigrettes de leurs  fruits). Ils attirent beaucoup d’insectes pollinisateurs et leurs graines sont appréciées par certains passereaux comme le Chardonneret élégant;
  • le Séneçon commun ou des oiseaux (Senecio vulgaris) : plante annuelle fleurissant au printemps (fleurs jaunes). Ses fruits (akènes) surmontés d’une aigrette de soies blanchâtres, contiennent des graines consommées par plusieurs espèces d’oiseaux comme le Chardonneret élégant ;
  • la Cardère sauvage (Dipsacus fullonum) : bisannuelle, très facile à disséminer (prélevez les graines sur une inflorescence séchée et  disséminez-les dans un secteur non fauché). Ses graines sont recherchées par les chardonnerets;
  • le Trèfle à quatre feuilles (Oxalis deppei) : une plante vivace herbacée, rampante, basse, avec des feuilles vertes ou pourpre foncé, qui se multiplie essentiellement par ses petites capsules qui, à maturité, se disséminent aisément. Ses graines sont très appréciées par les oiseaux.

Il est intéressant de laisser pousser des graminées qui ne seront pas fauchées, dont le Chiendent (genre Elytrigia), certes peu apprécié des jardiniers mais dont les graines constituent un délice pour les oiseaux, qui utilisent aussi ses brindilles et ses feuilles pour construire leurs nids. D’autres espèces spontanées produisant des graines pour les oiseaux : renoncules, Berce commune, (Heracleum sphondylium), orties (genre Urtica), pissenlits (Taraxacum sp.), Liondent (Leontodon hispidus), Trèfle rampant (Trifolium repens) …

Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) se nourrissant de graines de cirse

Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) se nourrissant de graines de Cirse des champs (Cirsium arvense) dans le domaine des Oiseaux de Mazères (Ariège) le 25 juin 2016
Photographie : Alain Mesas

Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) se nourrissant de graines de Seneçon commun

Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) se nourrissant de graines de Séneçon commun (Senecio vulgaris) dans le parc ornithologique de Pont de Gau (Bouches-du-Rhône) le 19 mars 2016.
Photographie : Alain Mesas

Acheter ou récolter des graines

Chardonneret élégant (Carduelis carduelis)

Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) se nourrissant de graines de fleurs dans une friche à Nassogne (Belgique) en janvier 2013.
Photographie : Marc Fasol

L’achat de graines peut se faire auprès d’une pépinière spécialisée dans les espèces sauvages d’origine locale, comme le Jardin de Sauveterre, auprès de particuliers qui disposent souvent de graines ou plantes en surplus, ou chez des semenciers comme Caillard, Royal Fleurs ou Willlems : ces derniers proposent des mélanges composés de 15 à 20 espèces de fleurs particulièrement attractives pour les oiseaux.
Il est également possible de prélever des graines et des boutures dans les terrains vagues ou au bord des routes, mais il faut se limiter à la récolte de graines et aux boutures de plantes communes.  
Et bien sûr, vous pouvez récolter à la fin de l’été (fin août à octobre) une partie (il faut en laisser aux oiseaux) des graines des fleurs qui ont poussé dans votre jardin. Ne récoltez pas les graines de plantes à bulbes, tubercules ou rhizomes : elles ne donneront de fleurs et de fruits qu’après plusieurs années de patience…

Bien récolter et conserver ses graines

La récolte des graines permet de sélectionner et de conserver certains spécimens particulièrement grands, productifs ou robustes. Avant de récolter les graines, il faut attendre que les fleurs soient bien fanées et sèches et que les fruits soient bien formées et mûrs (prêts à s’ouvrir d’eux-mêmes). N’attendez pas trop car le vent ou les insectes pourraient propager les graines avant que vous ayez eu le temps de les récolter. Récoltez les graines par temps sec en fin d’après-midi pour éviter que les graines humidifiées par la rosée du matin ne pourrissent une fois stockées. Vous pouvez achever la phase de séchage des fleurs en les coupant et en les plaçant les têtes en bas dans un sachet plastique.

Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) se nourrissant de graines de Tournesol

Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) se nourrissant de graines de Tournesol (Helianthus annuus) à La Beylie (Corrèze) le 16 septembre 2015.
Photographie : Jean Morillon

Vous pouvez récolter à la main les plus grosses graines, tandis que pour les plus petites, vous pouvez secouer les fleurs au-dessus d’un récipient. Placez les semences dans des enveloppes, des sachets en papier kraft sans traitement chimique ou des boîtes en fer (de thé par exemple). Évitez les récipients en plastique qui, s’ils sont trop hermétiques et  si vos graines ne sont pas parfaitement sèches, risquent de faire pourrir les semences.
Inscrivez immédiatement le nom de l’espèce, l’année de récolte et la durée germinative (cette information est disponible dans des livres et des sites internet : elle est de sept ans par exemple pour la graine de tournesol)  sur les enveloppes ou sur des étiquettes. Vous pouvez ajouter une feuille de sauge, de thym, de lavande ou de santoline pour éloigner les insectes nuisibles.
Stockez les contenants dans une pièce aérée, sèche, fraîche, à température à peu près constante,  hors gel et à l’abri de l’humidité comme un garage ou un abri de jardin. Il faut éviter la salle de bain ou la cuisine.
Les oiseaux sont par exemple très friands des graines noires du Tournesol noir. Elles se forment progressivement en partant de la périphérie du capitule vers le centre, et on les récolte quand les pétales commencent à tomber. Après frottage, les semences se détacheront, et il faudra ensuite les stocker dans un endroit sec et ventilé. Pour s’assurer que le séchage définitif, il faut essayer  de plier une graine : si elle casse, c’est qu’elle est bien sèche.

Choix du terrain, préparation du sol et semis

Le coin choisi du jardin sera de préférence situé dans un endroit bien ensoleillé, sur un sol pas trop riche. Après avoir délimité la surface, il faut préparer le sol : égalisez la surface, retirez le maximum de cailloux et de mauvaises herbes. Ne labourez pas la terre trop en profondeur pour ne pas perturber les graines dormantes en place, puis ratissez. Une fois la terre dégagée, semez à la main ou à l’aide d’un semoir, de mars à juin généralement.
Si l’on sème au printemps, il vaut mieux le faire tôt (mais pas trop car pour favoriser la levée, la température du sol doit être de 15° C minimum) pour que les graines bénéficient de la chaleur et des pluies. Si l’on sème en automne, il vaut mieux le faire assez tard pour qu’elles ne germent pas avant le printemps.
Il faut en moyenne prévoir cinq grammes de semences pour un m², en augmentant légèrement la dose dans un sol pauvre et sec ou pentu. Pour vous aider à mieux répartir les graines, mélangez-les à des cendres de bois refroidies ou à du sable.
Terminez votre semis en donnant un coup de griffe en surface pour les couvrir légèrement, puis arrosez suffisamment avec une pluie fine (les meilleurs résultats seront obtenus en maintenant le sol humide pendant quatre à six semaines, puis en réduisant graduellement l’arrosage). Si le printemps est sec, veillez à arroser régulièrement tant que les fleurs ne sont pas levées et bien développées.

Conseils de culture

Mélange de fleurs

Un mélange de fleurs spontanées qui produisent de nombreuses graines en automne.
Photographie : Ornithomedia.com

Il ne faut bien sûr pas utiliser d’insecticides ni d’engrais (à moins que le sol soit extrêmement pauvre), car ces derniers favorisent la croissance des herbes et du feuillage plutôt que les fleurs. Si le sol a besoin d’amélioration, utilisez plutôt de la matière organique (herbes coupées, compost, …).
Après la floraison, il faut conserver les plantes sur pied et les fleurs fanées pour que les oiseaux puissent prélever les graines.
Supprimez les végétaux ligneux.

Créer une prairie fleurie

Si vous avez plus d’espace et de temps, vous pouvez créer une « prairie fleurie » composée d’un mélange de fleurs annuelles, bisannuelles ou vivaces et de graminées. Selon le type de prairie (messicole, printanière, estivale), il faudra effectuer des fauches une ou deux fois par an.
On peut créer une prairie à partir d’une pelouse : d’abord, il faut préparer le sol par un bêchage en automne, avec si possible une remise en surface de la terre de sous-sol plus pauvre (prélevée à au moins 50 cm de profondeur), puis laisser faire la nature : vous verrez d’abord apparaître des annuelles comme la  Matricaire (Matricaria sp.), le Pâturin annuel (Poa annua), la Bourse à pasteur (Capsella bursa-pastoris)… Puis après quelques années, elles cèderont la place aux vivaces…. Puis après quelques années, elles cèderont la place aux vivaces.

Les conseils de la Maison de la Chasse et de la Nature des Pyrénées-Orientales

Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) se nourrissant de graines de Cirse commun

Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) se nourrissant de graines de Cirse commun (Cirsium vulgare) à Port-Saint-Louis-du-Rhône (Bouches-du-Rhône) le 22/05/2008.
Photographie : Thierry Quille

Charles Navarro, de la Maison de la Chasse et de la Nature des Pyrénées-Orientales, une structure qui travaille sur une valorisation des friches du département afin qu’elles soient plus accueillantes pour la faune, travaille avec quatre groupes de végétaux :

  • les messicoles et autres plantes à fleurs : coquelicot, bleuet, phacélie…
  • Les légumineuses à intérêt mellifère et faunistique : sainfoin et trèfle incarnat notamment.
  • Les céréales classiques et anciennes : blé de consommation, épeautre, seigle forestier…
  • Les plantes spontanées annuelles ou non.

Selon l’objectif choisi (faunistique, mellifère ou paysager), elle réalise des mélanges à partir de ces groupes.
Dans le souci de respecter le rythme des saisons et d’avoir recours le moins possible à l’arrosage, elle a développé les pratiques suivantes :

  • semis de préférence entre le 1er octobre et le 15 novembre et au plus tard entre le 1er et le 30 janvier (à l’exception de quelques espèces gélives ou tardives comme millet, sorgho grain…)
  • semences non enrobées et si possible rustiques et locales (c’est difficile pour des particuliers ou des professionnels de savoir s’il s’agit de cultivars ou non et de se fournir selon les critères cités).
  • pas d’engrais ou de désherbant.

Afin de pratiquer à la fois le « semer » et le « laisser faire », la maison conseille d’intervenir par moitié sur la parcelle concernée (quelle que soit la superficie) et d’inverser tous les deux ou trois ans selon l’objectif défini.

Dosages utilisés :

  • coquelicot 0.3 gramme/m²
  • bleuet 1.5 gramme/m²
  • Phacélie trèfle incarnat : 2 grammes/m²
  • céréales sainfoin : 10 à 15 grammes/m²

Il est important de rappeler que certaines plantes sont consommées « en vert » en hiver et au printemps, d’où leur importance pour certaines espèces d’oiseaux et de mammifères (céréales notamment).

Des résultats très positifs

Charles Navarro effectue le suivi des oiseaux hivernants sur l’une des parcelles spécialement gérée pour attirer la faune, et les résultats sont très positifs : le nombre d’espèces d’invertébrés est cinq fois supérieur sur les parcelles entretenues en comparaison aux anciennes friches viticoles des mêmes secteurs. Le nombre d’oiseaux est quant à lui 13 fois supérieur ! Cette importante diversité est aussi liée à la richesse des zones de transition entre les parcelles aménagées et celles laissées en friche, qui favorisent le développement de plantes à graines appréciées par les oiseaux.

Planter aussi des fleurs aquatiques

Mésange bleue (Cyanistes caeruleus) et Plantain d'eau (Alisma plantago-aquatica)

Mésange bleue (Cyanistes caeruleus) récoltant des graines de Plantain d’eau (Alisma plantago-aquatica) pour nourrir ses petits à Pirou (Manche) le 08/05/2018.
Photographie : Charlie Potier

Il est important de mettre à la disposition des oiseaux un point d’eau pour boire et se baigner (lire Donner de l’eau aux oiseaux toute l’année), et l’idéal serait même de créer une petite mare (lire Faire de son jardin une oasis pour les oiseaux en plein été). Vous pourrez alors planter des fleurs aquatiques qui produiront aussi des graines pour les oiseaux, comme le Plantain d’eau (Alisma plantago-aquatica), une plante qui améliorera par ailleurs nettement la qualité de l’eau.  Une fois bien installé, il peut devenir envahissant, mais ajoute une agréable touche de décoration sur les contours des étangs, mares et ruisseaux.

D’autres aménagements pour l’avifaune

En dehors de la plantation de plantes à graines, on peut aider les oiseaux de différentes façons :

  • installer des tables de nourrissage et des mangeoires en hiver
  • installer des nichoirs pour différentes espèces (lire Installer un nichoir : conseils pratiques)
  • planter des arbustes à baies (lire Aménager son jardin pour les oiseaux)
  • laisser dans son jardin un tas de compost et/ou de bois, les feuilles mortes, des pierres et des souches qui serviront d’abris et qui abriteront des insectes
  • couvrir les murs de plantes grimpantes.

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