Présentation des Puffins cendré (ou boréal) et de Scopoli  

Aires de nidification des Puffins cendré et de Scopoli

Principales zones de nidification des Puffins de Scopoli (Calonectris diomedea) (points rouges) et cendré ou boréal (C. diomedea) (points orange) et mouvements en été et en automne d’une partie de ces oiseaux dans le golfe de Gascogne (flèches rouge et orange). En bleu, la zone de dispersion postnuptiale des deux espèces.
Carte : Ornithomedia.com

Longueur : 50 – 56 cm.

Envergure : 118 – 126 cm.

Description : ce sont deux puffins d’assez grande taille, pratiquement aussi grands que le Goéland brun (Larus fuscus). Le dessus est brun-gris (y compris la calotte et les côtés du cou et de la poitrine), le dessous est blanchâtre et le bec est jaunâtre avec une tache sombre à la pointe. Il n’y a pas de dimorphisme sexuel. Le juvénile se différencie de l’adulte à partir de la fin octobre par son plumage plus contrasté et complet (l’adulte mue alors ses rémiges).
Contrairement au Puffin majeur (Ardenna gravis), qui leur ressemble superficiellement, ils n’ont ni calotte sombre ni tache foncée sur les côtés du cou et le ventre.
Leur vol est souple (celui du Puffin majeur est plus raide), composé de longs planés près de la surface l’eau suivis de trois à sept battements élastiques. Il tiennent souvent leurs ailes arquées « en cloche », la « main » (= l’extrémité de l’aile au-delà du poignet) légèrement orientée vers l’arrière (les ailes du Puffin majeur sont tenues plus droites). 

Taxonomie : les trois « anciennes » sous-espèces du Puffin cendré ont été élevées au rang d’espèces distinctes :

  • le Puffin de Scopoli (Calonectris diomedea) qui a été reconnu comme une espèce à part entière par le British Ornithologist’s Union en 2012 et par le Comité Ornithologique International en 2013. Il niche en Méditerranée, des îles Chaffarines (au large du Maroc) à la Grèce (quelques couples ont aussi niché dans le bassin d’Arcachon dans les années 1980, 1990 et 2000). À la fin de l’automne (entre mi-octobre et mi-novembre), la plupart de ces oiseaux rejoignent l’Atlantique Sud en passant par le détroit de Gibraltar. Certains oiseaux atteignent le sud-est de la Grande-Bretagne, l’est de l’Amérique du Nord, et même l’Afrique australe et l’océan Indien. Des individus erratiques ont été signalés jusqu’en Nouvelle-Zélande. Il retourne sur ses sites de nidification dès février.
  • Le Puffin cendré ou boréal (C. borealis) qui niche sur les îles Berlengas (lire Observer les océanites le long des côtes continentales du Portugal), Madère (lire Observer les oiseaux sur l’île de Madère), Desertas, Salvages, Açores (lire Observer les oiseaux aux Açores (première partie) : les îles orientales) et Canaries. Une petite population a en outre été découverte en Méditerranée, sur les îles Columbretes, en Catalogne espagnole. Il hiverne dans l’Atlantique Sud et jusqu’à l’océan Indien.
  • Le Puffin du Cap-Vert (C. edwardsii) est endémique de l’archipel du même nom (lire Observer les oiseaux des îles du Cap-Vert). Ses déplacements sont mal connus mais il pourrait passer l’hiver dans les eaux de l’archipel et au large de l’Afrique de l’Ouest. Il est plus petit et plus sombre que le Puffin cendré, son bec est plus fin et plus sombre. Son vol est composé de battements d’ailes plus rigides et plus rapides et il rappelle un peu celui des Puffins des Anglais (Puffinus puffinus) et yelkouan (P. yelkouan). Cette espèce est a priori non visible dans les eaux françaises et n’est donc pas traitée dans cet article.

Biologie : les Puffins cendré et de Scopoli nichent de nuit en colonies bruyantes sur le sol ou parmi les rochers, plus rarement dans un terrier, sur des falaises ou des îlots. Ils se nourrissent de poissons et de mollusques, qu’ils peuvent attraper en surface ou bien en plongeant. Ils suivent souvent les bateaux de pêche.

Quelques bons endroits pour observer les Puffins cendré et de Scopoli

Puffin de Scopoli (Calonectris diomedea)

Puffin de Scopoli (Calonectris diomedea) dans le parc national de la Cabrera, sur l’île de Majorque (Espagne).
Photographie : Marcabrera / Wikimedia Commons

Le Puffin de Scopoli niche dans le sud de la France, sur les archipels de Riou et du Frioul près de Marseille (Bouches-du-Rhône), les îles d’Hyères (Var) et en Corse. C’est un oiseau nocturne durant la période de reproduction, mais il peut tout de même être observé en mars-avril non loin des côtes, à proximité de leurs sites de nidification. Les falaises de Bonifacio, dans le sud de la Corse, constituent par exemple un site connu, l’espèce nichant sur l’îlot du Grain-de-Sable voisin. Il hiverne essentiellement dans l’Atlantique Sud (certains restent en Méditerranée), mais des oiseaux (probablement non nicheurs) se rassemblent en été (dès juillet) dans le sud du golfe de Gascogne (jusqu’au niveau des côtes de la Vendée environ).
Le Puffin cendré ou boréal hiverne aussi essentiellement dans l’Atlantique Sud, mais entre juillet et septembre, des groupes s’aventurent jusqu’en mer du Nord et peuvent donc être notés dans l’ouest de la Manche (Finistère en France et Cornouailles en Grande-Bretagne).

Voici ci-dessous quelques idées pour avoir de bonnes chances d’observer ces deux espèces en été (particulièrement en août) :

Comment distinguer les Puffins cendré (ou boréal) et de Scopoli ?

Puffin cendré (Calonectris borealis)

Puffin cendré ou boréal (Calonectris borealis) au large de l’archipel des îles Scilly (Grande-Bretagne) le 1er août 2023. Notez (1) le bec assez robuste et bien coloré (critère peu fiable), (2) la limite nette entre le noir et le blanc à l’extrémité de l’aile et (3) les deux taches noires sur les neuvième et dixième grandes couvertures primaires (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Ian Bollen

Ces deux espèces sont difficiles à distinguer l’une de l’autre car il existe des variations individuelles et parce que les conditions d’observation et de lumière ne sont pas toujours optimales. Certains oiseaux ne pourront donc pas être identifiés avec certitude. Toutefois, plusieurs critères peuvent être utiles.

  • L’étendue du blanc sur la « main » sous l’aile constitue l’élément principal pour distinguer ces deux espèces : chez le Puffin de Scopoli, la zone blanche est plus importante que chez le Puffin cendré car le vexille interne (= le côté interne de la plume) de la plupart des rémiges primaires, y compris sur la dixième (sur au moins 20 % de sa longueur), est blanc, formant des « langues » (= extensions) blanches pénétrant dans la partie sombre de l’extrémité de l’aile (la limite entre le noir et le blanc n’est donc pas nette). Chez le Puffin cendré par contre, le noir est plus étendu sous l’aile car la zone sombre n’est pas « entaillée » par des langues blanches, en tout cas au niveau des huitième, neuvième et dixième rémiges primaires externes (la limite entre le blanc et le noir est donc plus nette). Attention toutefois, il y a des oiseaux intermédiaires, certains Puffins cendrés ont aussi des « langues » blanches sur les rémiges primaires, mais seul le Puffin de Scopoli aurait du blanc sur la dixième rémige primaire. En outre, la lumière peut être trompeuse et éclairer la partie sombre des rémiges.
  • Chez le Puffin de Scopoli, on ne note sous l’aile généralement qu’une tache sombre sur la dixième grande couverture primaire, contre souvent deux chez le Puffin cendré (sur les neuvième et dixième grandes couvertures primaires). Ce critère n’est toutefois pas facile à voir sur le terrain et il n’est pas valable chez tous les individus, mais quand il est présent, il permet de confirmer l’identification.
  • Chez le Puffin de Scopoli, on note généralement (mais pas toujours) un dessin en forme de « V » sombre sur le dos, alors que le dessus est plus uniforme chez le Puffin cendré.
  • Le Puffin cendré est généralement un peu plus grand, sa silhouette est plus lourde (tête proportionnellement plus grosse et cou plus épais), ses ailes sont plus larges et son bec est plus massif et plus coloré (jaune plus vif), alors que le Puffin de Scopoli est un peu plus petit et plus fin (tête plus petite et cou plus étroit) et ses ailes sont plus étroites. Il est toutefois assez difficile d’évaluer correctement ces différences sur le terrain, d’autant plus qu’il existe des variations individuelles et entre les sexes : elles ne pourront être utilisables que pour les individus les plus grands ou les plus petits.
Puffin cendré ou boréal (Calonectris borealis)

Puffin cendré ou boréal (Calonectris borealis) au large de l’archipel des îles Scilly (Grande-Bretagne) le 1er août 2023. Notez (1) le bec assez robuste et bien coloré (critère peu fiable), (2) la limite nette entre le noir et le blanc à l’extrémité de l’aile et (3) les deux taches noires sur les neuvième et dixième grandes couvertures primaires (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Ian Bollen

Puffin de Scopoli (Calonectris diomedea)

Puffin de Scopoli (Calonectris diomedea) au large de l’archipel des îles Scilly (Grande-Bretagne) le 1er août 2023. Notez (1) le bec un peu plus fin que celui du Puffin cendré (un critère peu fiable), (2) les « langues » blanches pénétrant dans la partie noire de l’extrémité de l’aile, y compris sur au moins une partie de la dixième (la plus externe) et (3) l’unique tache noire sur la dixième grande couverture primaire (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Ian Bollen

Puffin cendré ou boréal (Calonectris borealis)

Puffin cendré ou boréal (Calonectris borealis) au large de l’île de Madère (Portugal) en juin 2012. Notez (1) la limite nette entre la zone noire et blanche de la « main » sous l’aile et (2) les deux points noirs sur les neuvième et dixième grandes couvertures primaires sous-alaires (encore plus visibles sur l’autre aile). En (3), le détail de la « main » (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Marc Fasol

Puffin de Scopoli (Calonectris diomedea)

Puffin de Scopoli (Calonectris diomedea) en Sardaigne (Italie) en juin 2010. Notez (1) les extensions (« langues ») blanches dans la partie sombre de l’extrémité de l’aile et (2) le point noir unique sur la dixième grande couverture primaire sous-alaire.
Photographie : John Coveney / Sa galerie sur Flickr

Puffin cendré ou boréal (Calonectris borealis)

Puffin cendré ou boréal (Calonectris borealis) au large de l’île de Madère (Portugal) en juin 2012. Notez (1) la limite nette entre la zone noire et blanche de la « main » (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Marc Fasol

Puffin cendré de Scopoli (Calonectris diomedea)

Puffin de Scopoli (Calonectris diomedea) au large de la Sardaigne (Italie) en juin 2010. Notez (1) les extensions (« langues ») blanches dans la partie sombre de l’extrémité de l’aile et (2) le point noir unique sur la dixième grande couverture primaire.
Photographie : John Coveney / Sa galerie sur Flickr

Puffin cendré ou boréal (Calonectris borealis)

Puffin cendré ou boréal (Calonectris borealis) au large de Cascais (Portugal) en septembre 2013. Notez (1) le dessin plutôt uniforme du dessus des ailes.
Photographie : José Frade / Sa galerie sur Flickr

Puffin de Scopoli (Calonectris diomedea)

Puffin de Scopoli (Calonectris diomedea) au large de l’Italie. Notez (1) le dessin sombre en forme de « V » (ou de « W » selon certains auteurs) contrastant avec le reste du dessus des ailes.
Photographie : Gianfranco Cinelli / Sa galerie sur Flickr

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