Le Gravelot semipalmé (Charadrius semipalmatus)

Gravelot semipalmé (Charadrius semipalmatus) adulte

Gravelot semipalmé (Charadrius semipalmatus) adulte en plumage nuptial le long de la rivière Coppermine, dans le Nunavut (Canada), le 18 août 2007. Notez (1) le bec assez court et épais, (2) la limite inférieure des lores noirs qui atteint le bec au-dessus de la base de celui-ci, (3) l’étroit cercle orbitaire jaune, (4) la quasi-absence de blanc au-dessus des yeux (critère peu fiable), (5) la bande pectorale sombre généralement assez étroite (critère peu fiable) et les pattes orange vif et (6) la silhouette allongée (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : D. Gordon E. Robertson / Wikimedia Commons

Longueur : 16 – 17,5 cm.

Description : le Gravelot semipalmé ressemble fortement au Grand Gravelot (C.  hiaticula).
L’adulte en plumage nuptial a les pattes jaune-orange, le bec orange à pointe noire, le dos et le dessus de la tête brunâtres, le front, le « masque », les lores, le haut du front et la bande pectorale noirs, et la gorge, le collier, le ventre et les sous-caudales blancs. La femelle est un peu plus massive et a les ailes plus longues que le mâle, tandis que ce dernier a les doigts et le bec un peu plus longs et colorés.
Un étroit cercle orbitaire jaune est visible (lire Les cercles oculaire et orbitaire des oiseaux, des termes souvent confondus)
En plumage internuptial, les parties noires du plumage deviennent gris-brun sombre et la base jaune-orange du bec devient plus sombre.  
Le juvénile ressemble à l’adulte en plumage internuptial, mais le dessus brun présente de fins liserés pâles et ses pattes sont plus claires et plus jaunâtres. Ses sourcils pâles sont nettement plus visibles. La base de son bec est sombre et l’extrémité de sa queue est chamois rosé.
Le plumage juvénile est conservé tout au long du premier hiver et n’est modifié que par l’usure : les bordures pâles disparaissent dès la fin août, et sont remplacées par une ligne subterminale sombre sur les plumes du dos, des scapulaires et des couvertures tertiaires qui subsiste jusqu’à la fin de l’automne. Au printemps suivant, le plumage est pratiquement identique à celui de l’adulte, à l’exception de certaines plumes des couvertures.
À tous les âges, on note la présence d’une membrane (peu étendue) entre les doigts, d’où le nom de l’espèce. Toutefois, cette palmure n’est pas toujours bien développée, sauf entre le doigt médian et le doigt interne, où elle est toujours bien visible. 
Le Gravelot semipalmé présente une barre alaire blanche en vol comme le Grand Gravelot, mais elle est un peu moins large et moins longue que chez ce dernier.

Voix : les cris de contact du Gravelot semipalmé sont distincts. Ce sont des « chu-weet » ou « k-weet » aigus, sifflés et plaintifs, la seconde note étant plus haute. Ils ressemblent à ceux du Chevalier arlequin (Tringa erythrinus) et du Pluvier bronzé (Pluvialis dominca). En vol, il émet aussi des cris perçants répétés « too-ee-too-ee ».  Quand il est inquiet, il lance des « chip » ou  » tiwit » rapides et répétés.  

Écoutez ci-dessous un enregistrement des cris de contact du Gravelot semipalmé réalisé sur l’île de Terceira aux Açores (Portugal) par Carlos Pereira le 9 mai 2022 (source : Xeno-Canto) :

Biologie : le Gravelot semipalmé est migrateur. Durant la saison de nidification, il est territorial, mais le reste de l’année, il se déplace et se nourrit souvent en groupes. Il niche au sol, dans le sable ou sur des galets, et il pond quatre œufs en moyenne. L’incubation dure environ 24 jours et est assurée par le couple. Les poussins volent au bout de quarante jours. Cette espèce se nourrit d’insectes, de vers, de mollusques et de crustacés qu’elle cherche dans la vase ou le sable.

Habitats : durant la période de nidification, le Gravelot semipalmé niche dans des zones à la végétation clairsemée le long des côtes et des grands cours d’eau dans la toundra : plages de sable, de graviers et de galets. En migration et en hivernage, il se nourrit sur les vasières côtières.

Aire de répartition et taxonomie : le Gravelot semipalmé niche de l’Alaska au nord-est du Canada (îles de Baffin et de Terre-Neuve et provinces du Québec, du Labrador et de la Nouvelle-Écosse). Il hiverne le long des côtes du continent américain, de la Californie et de la Louisiane à la Patagonie. Il est commun en migration le long de la côte atlantique des États-Unis.

Statut du Gravelot semipalmé dans le Paléarctique occidental et une première donnée pour la France en septembre 2023

Gravelot semipalmé (Charadrius semipalmatus) adulte

Gravelot semipalmé (Charadrius semipalmatus) adulte à Porz Doun, sur l’île d’Ouessant (Finistère), le 26 septembre 2023. Notez (1) le bec assez court et épais, (2) la limite inférieure des lores noirs qui atteint le bec au-dessus de la base de celui-ci, (3) l’étroit cercle orbitaire jaune, (4) le blanc des sourcils relativement réduit (critère peu visible chez cet individu) et (5) la zone oculaire plus brunâtre que noire (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Thomas Dagonet

Dans le Paléarctique occidental (lire Qu’est-ce que le Paléarctique occidental ?), le Gravelot semipalmé est un limicole accidentel rare. Dans l’archipel portugais des Açores, c’est tout de même le limicole américain occasionnel le plus fréquent (lire Observer les oiseaux sur l’île de Corvo).
Il est par contre extrêmement rare en Europe de l’Ouest. Sur les îles britanniques et en Irlande, la première donnée confirmée remonte au 9 octobre 1976, et il n’y a eu que cinq observations homologuées par la suite. Il n’avait jamais été vu de façon certaine en France, avant la découverte le 26 septembre 2023 d’un très probable oiseau à Porz Doun, sur l’île d’Ouessant (Finistère) (lire Visiter l’île d’Ouessant : bons coins et carte à imprimer), même si cette observation reste soumise à homologation (les photos de cet oiseau sont visibles dans cet article).

Comment distinguer le Gravelot semipalmé et le Grand Gravelot ?

Le Grand Gravelot et le Gravelot semipalmé sont vraiment très proches, et leur distinction est plutôt délicate. Pour J. L. Dunn (1993), le doute est toujours de mise si l’observateur n’a pas entendu le cri ou noté la présence/absence d’une palmure développée entre les doigts, et plus particulièrement entre celui du milieu et les deux latéraux. Nous allons tout de même vous donner ci-dessous des critères de terrain utiles pour distinguer ces deux espèces. Comme c’est souvent le cas pour distinguer deux espèces proches, il faut combiner le maximum d’éléments pour maximiser la fiabilité de l’identification.

Les cris 

Les cris du Gravelot semipalmé sont différents de ceux du Grand Gravelot et constituent un bon critère d’identification. Ce sont des sifflements rapides, aigus, rauques, montants et plaintifs (« chu-wiit » ou  » chu-wii »), avec l’accent mis sur la seconde syllabe, tandis que le cri de contact du Grand Gravelot est un doux sifflement, nettement dissyllabique et montant « tu-ip ». Son cri d’alarme est un « tihp » pépiant.

Écoutez ci-dessous un enregistrement des cris de contact du Gravelot semipalmé réalisé en Floride (États-Unis) par Paul Marvin le 2 août 2013 (source : Xeno-Canto) :

Écoutez ci-dessous un enregistrement des cris de contact du Grand Gravelot réalisé en Pologne par Jarek Matusiak le 10 septembre 2021 (source : Xeno-Canto) :

La membrane interdigitale (palmure)

Le Gravelot semipalmé présente généralement une membrane (palmure) entre le doigt médian et les deux doigts voisins, qui est normalement peu développée chez le Grand Gravelot. Toutefois, chez cette espèce, certains individus présentent aussi une palmure assez visible entre le doigt médian et le doigt externe, mais jamais entre le doigt médian et le doigt interne (= celui le plus proche du ventre). Ce critère important n’est pas toujours facile à voir sur le terrain.

Gravelot semipalmé (Charadrius semipalmatus)

Gravelot semipalmé (Charadrius semipalmatus) adulte à Porz Doun, sur l’île d’Ouessant (Finistère), le 26 septembre 2023. Notez (1) la présence d’une membrane entre tous les doigts (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Thomas Dagonet

Grand Gravelot (Charadrius hiaticula)

Grand Gravelot (Charadrius hiaticula) sur l’île de Ré (Charente-Maritime) le 28 octobre 2016. Notez (1) l’absence de membrane entre le doigt médian et le doigt interne (cliquez sur la photo pour l’agrandir). 
Photographie : Jean Morillon

La longueur

Gravelot semipalmé (Charadrius semipalmatus) et Grand Gravelot (Charadrius hiaticula)

Gravelot semipalmé (Charadrius semipalmatus) en plumage nuptial (à gauche) et Grand Gravelot (Charadrius hiaticula) adulte en plumage internuptial à Créac’h Meur, sur l’île d’Ouessant (Finistère), le 28 septembre 2023. Notez chez le premier (1) le bec plus court court et épais, (2) le blanc plus réduit des sourcils (un critère peu applicable chez cet individu qui présente plus de blanc que la moyenne), (3) la limite inférieure des lores noirs qui atteint le bec au-dessus de la base de celui-ci et l’étroit cercle orbitaire jaune, (4) la silhouette plus allongée et (5) les pattes d’une couleur moins vive (critère peu fiable) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Thomas Dagonet

Le Gravelot semipalmé est un peu plus petit que le Grand Gravelot (- 13 mm par rapport à la sous-espèce nominale qui niche en Europe).

La silhouette

Le Gravelot semipalmé est plus mince, plus allongé et moins rondouillard que le Grand Gravelot. Sa silhouette est ainsi plus « délicate » et rappelle celle du Petit Gravelot (C. dubius). Sa tête est également plus petite et plus arrondie.  

Le bec

Le bec du Gravelot semipalmé est un peu plus court et épais et sa base plus large que celui du Grand Gravelot, mais ce critère est peu fiable (assez grande variabilité entre les individus et les sexes).

Le cercle orbitaire

Un étroit cercle orbitaire jaune est visible chez le Gravelot semipalmé, alors qu’il est absent chez le Grand Gravelot.  

Les pattes 

Les pattes du Gravelot semipalmé sont généralement d’un orange moins vif que celles du Grand Gravelot.

Les critères de plumage chez l’adulte

  • Chez le Gravelot semipalmé adulte, le blanc des sourcils est plus réduit que chez le Grand Gravelot, même si ce critère est assez peu fiable.
  • Chez le Gravelot semipalmé adulte, la limite inférieure des lores (= la partie située entre l’œil et la base du bec) noirs atteint le bec un peu au-dessus de la base de celui-ci, tandis que chez le Grand Gravelot, elles atteignent la base ou un peu en dessous. Ce critère est utile même s’il n’est pas totalement fiable. 
  • La bande pectorale sombre du Gravelot semipalmé adulte est généralement plus mince que celle du Grand Gravelot. Mais il existe une certaine variabilité entre les individus et les sexes, et ce critère n’est donc pas très fiable. Elle est toujours teintée de brun chez le Gravelot semipalmé, même chez l’adulte en plumage nuptial, alors qu’elle est d’un noir plus profond chez le Grand Gravelot adulte. 
  • Il y a généralement moins de noir derrière l’œil chez le Gravelot semipalmé adulte en plumage nuptial que chez le Grand Gravelot, mais ce critère est peu visible sur le terrain.
  • La barre alaire blanche est généralement moins large et plus courte que celle du Grand Gravelot, mais ce critère est peu fiable car il y a beaucoup de chevauchement entre les deux espèces. La différence est surtout visible au niveau des rémiges primaires internes.
  • Il y a un peu moins de blanc sur les rectrices (bords de la queue) chez le Gravelot semipalmé.
Gravelot semipalmé (Charadrius semipalmatus) adulte

Gravelot semipalmé (Charadrius semipalmatus) adulte en plumage nuptial à Quogue, dans l’État de New York, le 12 août 2023. Notez (1) le bec assez court et épais, (2) la limite inférieure des lores noirs qui atteint le bec au-dessus de la base de celui-ci, (3) l’étroit cercle orbitaire jaune, (4) le blanc des sourcils relativement réduit et (5) la bande pectorale assez étroite (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Rhododendrites / Wikimedia Commons

Grand Gravelot (Charadrius hiaticula) adulte

Grand Gravelot (Charadrius hiaticula) adulte en plumage nuptial sur l’île de Ré (Charente-Maritime) le 30 mai 2021. Par rapport au Gravelot semipalmé, notez (1) le bec plus long, (2) la limite inférieure des lores noirs qui descend plus bas, (3) l’absence de cercle orbitaire jaune, (4) le blanc des sourcils relativement plus étendu (critère peu fiable) et (5) la bande pectorale plus large (critère peu fiable) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Jean Morillon

Gravelot semipalmé (Charadrius semipalmatus) adulte

Gravelot semipalmé (Charadrius semipalmatus) adulte en plumage internuptial sur la plage de Bunch en Floride (Etats-Unis) le 26 décembre 2015. Notez (1) la barre alaire blanche étroite et (2) le blanc sur les rectrices  (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie :  Russ / Wikimedia Commons

Grand Gravelot (Charadrius hiaticula) adulte

Grand Gravelot (Charadrius hiaticula) adulte en plumage nuptial dans la baie de Saint-Goustan au Croisic (Loire-Atlantique) le 13 février 2023. Par rapport au Gravelot semipalmé, notez
(1) la barre alaire plus large et (2) le blanc un peu plus étendu sur les rectrices (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Marc Le Moal

Gravelot semipalmé (Charadrius semipalmatus) adulte

Gravelot semipalmé (Charadrius semipalmatus) adulte en plumage internuptial sur la plage de Tigertail en Floride (Etats-Unis) en janvier 2016. Notez (1) le bec court et épais, (2) la limite inférieure des lores noirs qui atteint le bec au-dessus de la base de celui-ci et (3) le blanc des sourcils relativement peu étendu (un critère peu fiable). En plumage internuptial, (4) la bande pectorale devient brunâtre chez les deux espèces (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Andy Morfew / Wikimedia Commons

Grand Gravelot (Charadrius hiaticula) adulte

Grand Gravelot (Charadrius hiaticula) adulte en plumage internuptial au Croisic (Loire-Atlantique) le 13 février 2023. Par rapport au Gravelot semipalmé, notez (1) le bec plus long, (2) la limite inférieure des lores noirs qui descend plus bas et (3) le blanc des sourcils relativement plus étendu (critère peu fiable). En plumage internuptial, (4) la bande pectorale devient brunâtre chez les deux espèces (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Marc Le Moal

Les critères de plumage chez les juvéniles

Les critères de plumage pour identifier le Gravelot semipalmé juvénile sont les mêmes que pour l’adulte, mais contrairement à l’adulte, le juvénile a de larges sourcils blanchâtres, comme le Grand Gravelot du même âge. 

Gravelot semipalmé (Charadrius semipalmatus) juvénile

Gravelot semipalmé (Charadrius semipalmatus) juvénile dans le parc national de la Péninsule-Brice (Canada) en septembre 2005. Notez (1) le bec court et épais, (2) la limite inférieure des lores noirs qui atteint le bec au-dessus de la base de celui-ci, (3) le cercle orbitaire jaune étroit, (4) le blanc des sourcils étendu (contrairement à l’adulte) et (5) la bande pectorale sombre normalement plus étroite que chez le Grand Gravelot (cela n’est pas le cas chez cet oiseau). Chez les deux espèces, (6) les  plumes du dos et du dessus des ailes ont l’extrémité pâle   (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Mdf / Wikimedia Commons

Grand Gravelot (Charadrius hiaticula) juvénile

Grand Gravelot (Charadrius hiaticula) juvénile au Kluizenblok, en Flandre orientale (Belgique), le 19 septembre 2012. Par rapport au Gravelot semipalmé, notez (1) le bec plus long, (2) la limite inférieure des lores noirs descend plus bas, (3) l’absence de cercle orbitaire jaune et (4) le blanc des sourcils relativement plus étendu et (5) la bande pectorale normalement plus large. Chez les deux espèces, (6) les  plumes du dos et du dessus des ailes ont l’extrémité pâle (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Marc Fasol

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